Feirodenn reviewed Préhistoires d'Europe by Anne Lehoërff
Review of "Préhistoires d'Europe" on 'Goodreads'
5 stars
Ce livre propose une vue d'ensemble d'une période immense qui commence au tout début de la présence humaine sur le sol européen jusqu'à la conquête romaine. L'on découvre de manière synthétique toutes les informations importantes apportées par la science archéologique jusqu'à aujourd'hui. On ne peut qu'être admiratif de tout ce que les techniques modernes d'analyse permettent de découvrir sur nos lointains ancêtres. Si l'on garde souvent de la préhistoire qu'une image stéréotype de l'homme des cavernes du paléolithique, cet ouvrage permet d'apporter beaucoup plus de nuances à une très longue histoire qui s'étale sur des millénaires. Si le paléolithique est en effet fascinant, ce livre remet en valeur une période qui est, je trouve, souvent oubliée, celle du néolithique. On y découvre qu'une grande diversité de cultures a foulé le sol eurpéen, que les archéologues arrivent à classer grâce aux particularités techniques et artistiques des objets trouvés, notamment des céramiques, comme les cultures rubané et campaniforme. On apprend que c'était une époque d'échanges intenses, de voyages et de commerce. Stonhenge aurait peut-être été un lieu de culte très influent dans toute l'Europe de l'ouest pour soigner les malades, on retrouve un alpin venu jusqu'en Angleterre. Les dolmens étaient des tombes communes, tandis que les mégalithes avaient aussi des fonctions religieuses et funéraires. L'espace alpin est aussi un endroit d'exception pour les archéologues, puisque la vase des lacs a permis une conservation exceptionnelle des pilliers de maisons néolithiques ainsi que d'autres objets d'époque. La découverte d'Ötzi a aussi bien évidemment été une révolution archéologique. L'archéologie permet aussi de donner des réponses nuancés à savoir si la violence et la guerre existait : si l'on retrouve des traces de violence et de cannibalisme à toutes les époques, on ne trouve des traces de guerre à proprement parler qu'à partir du néolithique. Enfin, une autre période est mise en valeur par l'autrice, aussi souvent oubliée dans notre imaginaire collectif, celui de l'âge du bronze. On retrouve de fortes identités régionales avec toutes des cultures qui leur sont propres, et dont le type d'édifice le plus représentatif est certainement le tumulus. Enfin, un tour de l'âge du fer permet de mieux comprendre les cultures celtiques au-delà des vieux clichés formés au XIXe siècle. À la fin de la lecture de ce livre, on est à la fois admiratif par la somme de connaissance que les chercheurs ont réussi à rassembler grâce à l'analyse des nombreux sites et artéfacts découverts, mais on ne peut s'empêcher d'avoir un sentiment de frutration devant l'immensité de ces siècles d'histoire qui restent si mystérieux et ne peuvent fournir de mythes, de légendes, de langues ou d'historiographies à cause de l'absence de documents écrits comme on peut en avoir en Mésopotamie ou en Egypte à la même époque. Les avancées archéologiques restent malgré tout impressionantes et on ne peut que remercier Anne Lehoërff pour un ouvrage aussi complet et didactique !